Archive for mars, 2016

Troisième texte de l’écrivain en résidence

Mostafa Azizi, Iran

Quand je pense à vous…

J’ai de la fuite dans les idées, un robinet mal fermé.

J’entends la goutte qui me dérange, le son des mots qui me démanche.

Et j’ai envie de tout fermer, de ne plus croire ou exister, mais la plume saute de l’encrier et la vie vient me chatouiller.

Il y a trois choses qu’on ne peut pas cacher très longtemps, Mostafa : le soleil, la lune et la vérité.

Tenez bon dans les ténèbres, le soleil viendra.

Conservez votre foi dans les hommes, la lune vous inspirera.

Gardez la tête haute dans l’épreuve Mostafa, nous savons que vous avancez sur la route de la vérité.


Texte lu dans le cadre de la soirée Livres comme l’Air, présentée en collaboration avec le Centre québécois du PEN international, Amnistie internationale et l’UNEQ.

Deuxième texte de l’écrivain en résidence

PRENDRE RACINE

Il y avait dans un vaste champ, deux arbres nés d’un même parent. Identiques et en tous points égaux, d’une seule graine, deux êtres jumeaux.

Un songe depuis longtemps les animait, lorsque vers les étoiles ils regardaient. Leur désir, de plus en plus puissant, était de devenir d’immenses géants, que de loin on puisse les admirer, comme la lune être un point de lumière, pour que les hommes puissent s’y guider, afin de marquer leur passage sur terre.

Dans l’empressement de devenir ce qu’ils n’étaient pas encore, l’un d’eux choisit de grandir et il y mit tous ses efforts. Il dut pour cela renier ses racines, ne donner que de petits fruits, sous les vents forts plier l’échine, prendre l’eau vitale d’autrui.

En quelques printemps, il avait dépassé son petit frère de plus de la moitié.

L’autre prit son temps et grossit lentement, des branches solides apparurent doucement. Ses racines s’enfoncèrent dans le sol, ses gros fruits débordant de saveur attirèrent les enfants de l’école.

En quelques printemps, il avait dirigé plus d’hommes que son frère ne put l’imaginer.

Le premier devint long sans véritable raison. Le deuxième devint grand, de l’âme d’un géant.

Chaque être qui vit est marqué d’un destin qui arrive en son temps et toujours le rejoint.

Comment y arriver?

Il faut travailler patiemment et toujours dans le respect du rêve qui nous fait s’élever.

Premier texte de l’écrivain en résidence

Salut Denise,

Je me permets de t’adresser ces quelques mots. Tu sais, l’ambiance du salon, les jeunes, les professeurs, tout ça me fait replonger dans le temps.

La dernière fois qu’on s’est vu, j’étais en face de toi, dans une classe de vingt-quatre petits morveux de deuxième secondaire. Je dois te dire que je suis assez nerveux en écrivant ce papier. Je révise mes phrases et je place mes accords. Après tout, c’est toi qui avais l’habitude de corriger mes compositions.

C’est ton acharnement à vouloir me faire comprendre le participe passé qui a fait de moi un homme capable de s’exprimer en toute confiance. Pour un enfant, le participe passé, c’est l’Everest. Mon sherpa, c’était toi.

J’ai gravi cette montagne, ma main dans la tienne. Une fois au sommet, tu m’as ouvert les yeux sur le paysage. Un univers riche d’images, de littérature, d’expression, de confiance et de communication. Ma qualité de vie, au quotidien, je te la dois en partie. Je te dois la structure de ma pensée, dans l’articulation correcte de mes idées. Tu as eu le boulot le plus difficile d’entre tous, celui de me montrer comment construire une phrase comme on bâtit les fondations d’une maison. Ma charpente tient le coup Denise grâce à ton ciment, du ciment sans pyrrhotite, puisque je t’écris à Trois-Rivières. Je sens mes bases solides et aujourd’hui, je monte mon gratte-ciel sur le socle de ta patience. Tout ce que je peux te donner pour ta sueur, tes multiples corrections de copies et ta tendresse d’enseignante, c’est un mot, un simple mot : « Merci ».

Comme religieuse Denise, tu dois savoir plus que moi si Dieu existe. Une chose est certaine, la foi existe. Il faut avoir la foi dans l’homme pour faire ce que tu as fait. Il faut croire qu’un individu peut faire la différence dans la vie d’un autre. Si tous les humains ont une mission sur la terre, la tienne c’était de travailler, à créer dans l’ombre, des hommes et des femmes capables d’écrire correctement et de penser clairement. Les enfants ont besoin d’avoir un maître, un maître qui les éduque sans les juger, un maître qui a foi dans leur avenir. J’ai eu plusieurs maîtres, mon premier, c’est toi.

Ton élève te salue bien bas où que tu sois, Denise. Ton cadeau m’est précieux. Chacune de mes fautes d’orthographe, ton stylo rouge me suit. Chaque participe passé bien accordé, je sens ta main sur mon épaule.

Enseigner c’est aimer, merci de cet amour.

Merci à tous ces enseignants que j’ai vu aujourd’hui et qui deviendront d’autres Denise, pour d’autres Bryan.

Quatrième texte de l’écrivain en résidence

Lundi matin, tout sera terminé

C’est difficile le lundi matin après un salon du livre, très difficile.

J’ai connu des tas de gens pour qui c’était le pire moment de la semaine. Je les ai vus déprimer le dimanche soir rien qu’à penser au lendemain. Beaucoup d’enfants qui sont normalement debout à sept heures le samedi matin pour regarder les dessins animés sont incapables de se réveiller le lundi pour aller à l’école. Même les adultes qui se couchent tôt en espérant se lever reposés se rendent bien compte qu’ils émergent des couvertures aussi fatigués que la veille. Mais pour les auteurs, c’est pire…

Le premier jour de la semaine porte la marque ISO 8601, notation destinée à éviter tout risque de confusion dans les communications internationales. Il est donc inscrit mondialement comme le premier jour de travail de la semaine. PFFT…

Lundi, retour au quotidien.

Terminé l’intelligence de Robert Lalonde, la beauté énigmatique de Florence K… adieu le talent de Sampar, les sagas de Louise Tremblay-D’Essiambre et le tranchant Dompierre.

Lundi, c’est le retour de l’austérité, de l’UPAQ, de la Syrie, de nos séries télévisuelles préférées et de tout ce qui nous donne envie de ne plus avoir envie. La ritournelle : « Lundi matin… l’empereur, sa femme et le p’tit prince… sont venus chez moi… pour me serrer la pince! »

Re-bof…

Mais il restera les livres, les rencontres, les souvenirs…

Il restera les impressions, les sourires, la gentillesse…

Il restera le nécessaire pour attendre patiemment, 2017.20

Bienvenue au Salon du livre de Trois-Rivières!

Du 21 au 24 mars 2024 au CECI de l'Hôtel Delta

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