Prix de carrière, le Prix Adagio est attribué aux deux ans par le conseil d’administration du Salon du livre de Trois-Rivières. Il est remis à un auteur de la Mauricie ou du Centre-du-Québec qui a marqué la scène littéraire d’ici et d’ailleurs par la qualité exceptionnelle de son travail d’écriture.
Cette année, le conseil d’administration du Salon du livre de Trois-Rivières a décidé de décerner le Prix Adagio à Madame Monique Juteau. Le prix lui a été remis lors d’un 5 à 7 festif organisé au Café-Bar Zénob, le mercredi 22 février 2023.
Gagnant 2023
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Monique Juteau
« J’ai connu Momo (pour les intimes) ou l’ombre de Momo, en 1984 lors d’une soirée de poésie à l’UQTR. Une rencontre avec un extra-terrestre n’aurait pas pu être plus étonnante. Tout le monde lisait ses poèmes derrière le micro prévu à cet effet. Pas Momo. Sur scène une tente était montée, à l’intérieur de la tente se tenait Momo avec sa lampe de poche et c’est son ombre qui est apparue en premier. C’est de là qu’elle a commencé sa lecture. Plusieurs questions m’habitaient alors mais la plus insistante était : ‘’ Que c’est ça cette bibitte-là ‘’. Mais tout ça me plaisait car j’ai toujours eu un faible pour les originaux, les créateurs atypiques, les hors-sentiers. Elle doit faire partie de la tribu des Momo Sapiens. (Sapiens signifiant sage, intelligent). Depuis, j’ai pu constater à maintes reprises que les lectures publiques de Monique ne sont jamais ennuyantes. Tantôt, elle utilise une valise, un plat en métal dans lequel elle fait rouler une bille, un malaxeur électrique, de la laine minérale dans laquelle elle se vautre et quoi d’autre encore? Elle aime de toute évidence l’aspect théâtral de la chose, elle aime les objets et également ces autres objets que sont les textes. Et je dirais que les premiers ne font pas ombrage aux seconds. Derrière l’aspect drolatique de la prestation, il faut écouter attentivement les textes où une fine observation du monde prend vie, une tendresse pour les déshérités, la beauté empoussiérée des humbles, l’importance de petits détails qui nous auraient échappé n’eut été de l’agilité créatrice de Momo. Et dans tout ça, beaucoup d’émerveillements, de questionnements chez elle, telle l’enfant ébaubie qu’elle est restée. ‘’La poésie est une réponse qui questionne ‘’ disait Guillevic. Je trouve que cela convient très bien aux écrits de Momo.
Heureux qui comme Momo a fait un beau voyage. Dans son cas, on peut penser allègrement au pluriel : Inde, Laos, Vietnam, Thaïlande, Maghreb, France et même Coaticook. Et j’en passe. C’est dans ces pays lointains qu’elle s’inspire pour écrire ces belles histoires qui nous font voyager à ses côtés et au côté de Jipi (pour les intimes) son chum, qui lui revient la besace remplie de couleurs et d’esquisses. Avec Monique vous ferez un « voyage avec ou sans connexion », avec des « poèmes navigables » pendant « des jours de chemins perdus et retrouvés ». Vous découvrirez « des lieux des villes un chou-fleur » et vers « la fin des terres » vous ferez connaissance justement avec un « marin qui n’arrive qu’à la fin ». Le temps passe trop rapidement, tout est éphémère, à chaque détour la mort nous guette, mais le plus important, c’est qu’il y a l’autre, l’étranger, le voisin, les amis. Il ne faut pas oublier de célébrer la vie et c’est ce qu’a toujours fait Momo. »
— Guy Marchamps
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Yvon Rivard
— Jean Panneton et Lévis Martin
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François Ricard
« Il y a des auteurs qui écrivent un livre qui fonde leur réputation d’auteurs. D’autres comme François Ricard ne laissent pas sécher l’encre au fond de l’encrier. En près d’un demi-siècle, il publia une vingtaine d’ouvrages qui lui méritèrent plus de quinze prix prestigieux. Entres autres, le Prix du Gouverneur général, le Prix Jean-Éthier Blais, la Grande médaille de la francophonie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, le Prix André-Laurendeau et le Prix Athanase-David en 2018.
Au soir de la vie, François Ricard est né en 1947, il lui manquait le prix Adagio décerné tous les deux ans par le Salon du livre de Trois-Rivières et qui reconnaît la valeur de nos écrivains.
François Ricard n’a écrit, du moins n’a publié, ni roman, ni poésie. Il aurait pu avec son talent littéraire multiforme. Il a choisi la critique et l’essai, genres qui correspondent à son esprit pénétrant et à sa clairvoyance servis par un style clair et élégant. Ses idées sur la culture et la littérature d’ici et d’ailleurs font réfléchir. La génération lyrique (1992) demeure un essai incontournable sur la vie et l’œuvre des premiers-nés du baby-boom au Québec. Un classique du genre.
Assez souvent, les auteurs manifestent un amour propre chatouilleux. Pour eux, les autres auteurs sont des concurrents. L’attitude de François Ricard, vis-vis les confrères en écriture, est à l’opposé de cette autosuffisance. Ainsi, comme membre de l’équipe des Éditions du Boréal, il conseille et pousse les écrivains. Surtout, qui approche l’œuvre de Gabrielle Roy est sûr de rencontrer François Ricard. En effet, depuis 1970, celui-ci est identifié à l’œuvre de Gabrielle Roy. En 1972, il publie une biographie de la romancière, qu’il complètera, en 1996, par Gabrielle Roy. Une autre vie. Les circonstances ont fait que la romancière a donné sa confiance totale à François Ricard. Celui-ci devint le spécialiste de son œuvre. Il en fit la promotion, veilla aux éditions, favorisa et dirigea des recherches universitaires. En 2009, François fut la cheville ouvrière d’une petite équipe qui entreprit la publication de l’œuvre complète de Gabrielle Roy, en 12 volumes. Encore aujourd’hui, héritier littéraire, il est responsable du destin de l’œuvre de Gabrielle Roy.
N’oublions pas une autre amitié littéraire : Milan Kundera, auteur de L’insoutenable légèreté de l’être. François tomba en amitié avec cet écrivain tchèque, nationalisé français par Mitterand. Il lui consacra un essai en 2003, Le dernier après-midi d’Agnès. Quand Kundera fut publié dans la Bibliothèque de la Pléiade, c’est François Ricard qui en écrivit la préface et contrôla l’édition. C’est tout dire !
Est-il possible de ne pas mentionner l’enseignement du professeur François Ricard à l’université McGill, de 1971 à 2010 soit pendant 41 ans ! Un beau cas de survivance française ! »
— Jean Panneton
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Louise Lacoursière
« C’est en nous faisant découvrir la vie palpitante d’Anne Stillman McCormick qu’elle a fait une entrée remarquée dans le paysage littéraire québécois en 1999. Depuis, Louise Lacoursière s’est alliée un lectorat fidèle en lui offrant des univers riches. À travers elle, on a remonté le temps pour découvrir les personnages de La Saline, on a traversé une belle quête existentielle dans son roman Lunes Bleues et on a plongé dans l’âme du regretté Roland Leclerc sous sa plume de biographe. Dotée d’une écriture précise et sensible, elle est devenue rapidement auteure chouchou des lecteurs. Chercheuse rigoureuse, auteure impliquée et appréciée, Louise Lacoursière est d’abord et avant tout une passionnée qui excelle dans l’art de marier son imaginaire aux faits historiques. Un parcours à succès pas banal pour celle qui, en prenant la plume, voulait s’en faire un petit projet de retraite après 30 ans dans le milieu de l’enseignement. »
— Linda Corbo
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Denise Boucher
La fureur de l’engagement
«C’est en nommant ce qui me manque que je découvre ce que je veux». Ce mot plein de conséquences pour une femme, et pour une poète, Québécoise, s’exprimant en français en terre d’Amérique, Denise Boucher aurait pu le dire pour elle-même tant il résume ce qu’elle cherche à dire depuis le début. C’est que la femme, depuis toujours, veut parler elle-même, pour elle-même, charnelle et bien concrète.
Pour nous, Denise Boucher, c’est d’abord et avant tout, celle qui nous a donné Les Fées ont soif en 1979. Mais s’y arrêter, ce serait oublier la poète qui a fait paraître plus d’une vingtaine de recueils, oublier la femme engagée qui a présidé pendant plusieurs années l’UNEQ, oublier la parolière qui a écrit pour Chloé Sainte-Marie, Pauline Julien et Gerry Boulet. Ce serait oublier la constance de l’élan, l’instinct de la battante qui nous a fait entendre son «chant de la douleur», en s’inspirant du Cantique des cantiques. On entend encore Gerry clamer : «Qui te soignera qui te guérira / Ta cassure est grande comme la mer?»
— Gérald Gaudet
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Denis Vaugeois
« La Mauricie est la pépinière des historiens. Citons Benjamin Sulte, Albert Tessier, Raymond Douville, Marcel Trudel, les frères Marcel et Jean Hamelin, les frères René et Jean-Pierre Hardy, Jean Provencher et Jean Roy, entre autres. Chez les travailleurs du passé, Denis Vaugeois occupe une place de premier choix. Il est vrai qu’alors qu’il était député de Trois-Rivières et ministre des Affaires culturelles et des Communications que l’histoire a occupé une place secondaire, bien que très présente. Depuis, Denis Vaugeois a multiplié les ouvrages historiques. Il était donc normal que le Salon du livre de Trois-Rivières lui décerne le prix Adagio. »
— Jacques Lacoursière
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Paule Doyon
« Voilà quarante ans cette année que Paule Doyon publiait son premier texte. Que de chemins parcourus, au propre et au figuré, depuis sa naissance en Abitibi en pleine période de la colonisation jusqu’à son établissement définitif en Mauricie. Elle a publié des romans, des poèmes, du théâtre, des contes pour enfants, du fantastique, toujours en faisant la part belle au monde du rêve mais aussi à celui de la mémoire. Elle nous avoue : « Parfois, je rêve d’habiter une planète où il n’y aurait pas de portes. » Ses textes ont été publiés en revue, sur la scène, en livres ainsi que sur la toile. Elle est toujours très active au niveau de l’écriture. Elle se lève, le matin, pour dire je suis, moi, ici, avec mes mots de miel. Nous sommes déjà très loin de l’avant-monde, où nous attendions tous un visage. En littérature québécoise, Paule Doyon est absolument unique, nécessaire. Elle a son visage bien à elle. Il nous plaît de saluer ici la force de son imaginaire ainsi que la qualité de son écriture. »
— Réjean Bonenfant
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Jean-Pierre April
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Jacques Lacoursière
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Pierre Châtillon
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Marcel Trudel