Le banc des joueurs

En ce matin de mars, au coeur du quartier Ste-Cécile à Trois-Rivières, la récréation bat son plein dans la cour de l’école St-Paul. Pendant que les enfants s’ébattent en une joyeuse cacophonie, la petite Flavie est assise sur le banc des joueurs. Seule. Encore. Au début de l’année, la maîtresse a expliqué que quand on n’avait pas d’ami pour jouer, on allait s’assoir sur le bancs des joueurs. Et là, les autres amis venaient nous chercher pour jouer avec eux.

Mais les amis ont oublié le règlement du banc des joueurs. Depuis la chicane avec Simone, Flavie passe toutes ses récréations sur le bancs des joueurs. Elle regarde avec avidité les autres amies jouer. Elle retient les larmes derrière ses yeux. Ça gonfle et ça pousse sur ses yeux. À la maison, le barrage cède souvent et la peine coule sur ses joues. Ça fait du bien. Mais à l’école, elle ne pleure pas. Sauf si elle se fait mal.

La maman de Flavie dit que les filles sont fortes et peuvent faire tout ce qu’elles veulent. Mais pourquoi les autres filles sont si méchantes avec elle?

Dans la dictée de ce matin, les lettres se sont mélangées et la maîtresse a mis plein de rouge sur sa feuille. Encore. C’est mieux depuis que Flavie a ses lunettes; au moins elle n’a plus mal à la tête. Hier, en mathématique, elle n’a pas eu le temps de faire toutes les additions. Deux minutes, ça va trop vite. Simone, a réussi, elle. Elle a reçu une carte privilège. Une autre. Ça lui en fait douze. Flavie n’en n’a qu’une. Parce qu’elle a bien rangé son bureau.

Seule sur le banc avec ses petits gants, Flavie gèle des doigts. Ce matin, avant de partir pour l’école, elle a fait une crise pour ne pas mettre ses mitaines qui ressemblent à des baleines. Depuis que Simone a ri de ses mitaines baleine, Flavie ne veut plus les porter. Alors elle gèle des doigts sur le bancs des joueurs. Enfin, la cloche sonne. Elle va pouvoir se réchauffer.

Ce soir, quand son père viendra la chercher, Flavie lui dira qu’elle a passé une bonne journée et qu’elle s’est bien amusée avec ses amies. Encore. Parce que papa aime ça quand elle est heureuse.

Texte lu lors de la soirée de poésie du Festival international de poésie, au Bar l’Épilogue. Photo: Club de photo Mauricien.

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